Idiolect/dialect: λέγω (légō)

hic sunt verba.

dīcō,1 ‘I speak’

Je n’aime pas la déclinaison - chose épouvantable qui relie le russe, l’allemand, le hongrois, et bien d’autre langues dites synthétiques. Quand j’étais en cours de finnois, la grammaire et la sonorité m’ont fasciné énormément mais les déclinaisons me faisaient peur. J’aurais aimé faire une découverte plus approfondie de la langue finnoise, mais ce n’a pas adouci la tâche lourde qui est la déclinaison, ni la peur d’entamer cette tâche.

Dans cet article je vais essayer d’expliquer ce que c’est la déclinaison et de montrer à quoi ça sert dans les sections qui suivent. Selon un adage ancien la meilleure façon d’apprendre serait d’enseigner ; que ce soit vrai objectivement ou non, ça m’a toujours été le cas de mieux comprendre une chose seulement en l’expliquant à un camarade.

Voici le leçon:

Qu’est-ce que la déclinaison ?

Les noms (substantifs) en latin sont déclinés en fonction de :

deux nombres
singulier ou pluriel,
trois genres
masculin, féminin, et neutre,
cinq déclinaisons
voire six, bien que la sixième soit moins utiliser.

En latin, la forme du substantif diffère selon sa fonction grammaticale. Des terminaisons ajoutées au mot indique sa fonctionne grammaiticale. Cette inflection ou conjugaison des mots selon leur fonction n’est pas un concept étranger au français.

En français les verbes s’accordent avec leurs sujets, et les noms s’accordent en nombre et en genre. Les adjectives aussi s’accordent avec les noms qu’ils décrivent, en nombre et en genre.

Prennons comme exemple « via », ce qui me donnera occasion d’expliquer un peu le fonctionnement de la déclinaison.

Nominatif

Le cas de base de chaque nom, c’est le nominatif. Des fois, c’est également la forme la moins marquée (c’est à dire sans ou ayant peu comme terminaison ajouté). Les noms déclinés au nominatif remplissent la fonction de tête, soit comme sujet d’une phrase, soit comme tête d’une clause subordonnée. Dans l’exemple de « via » (voir la table 1), pour construire le pluriel l’« -a » final du singulier se transforme en « -æ ». Ce changement suit la regle générale des noms de la première déclinaison dont la plupart sont des noms féminins, \(-a → -æ\).

Table 1: Les formes nominatives de via, qui signifie chemin, sentier ou même rue.

Sg. Pl.
Nom. via viae

Que veut-on dire par une déclinaison ? Il s’agit de regrouper les noms selon les regles générales qui s’y appliquent dans l’usage. En français certais noms forment leur pluriel en ajoutant un -s, eg un bœufdes bœufs, pendant que d’autres se voient transformer nettement plus, eg un œildes yeux. D’autres formes leurs pluriels par l’ajout d’un -x ou sont même invariables à l’écrit. Regardez donc la table 2, où sont affichés trois differents sortes de noms. Vous reconnaissez peut-être quelques uns de ces mots, du moins ils ont l’aire familier, n’est-ce pas ? Le mot numerus nous donne numéro, nombre* ; et nōs est devenus notre *nous actuel.

Table 2: Exemple du nominatif dans la Ie et IIe déclinaison, ainsi que le pronom personel de la première personne.

Sg. Pl. Sg. Pl. Sg. Pl.
Nom. via viae numerus numerī ego nōs

Si le nominatif sert à indiquer quel mot est le sujet d’une phrase, quel est le rôle des autres cas‌ ? Quels sont déjà les autres cas ?

Génitif

Le génitif a le rôle d’indiquer la possession. En français en utilise la préposition de pour indiquer la possession, sinon nous avons un tas de pronom possessifs qui servent à la même fonction. Que ce soient une préposition, un pronom, ou un terminaison le but c’est d’indiquer à qui appartient une chose. Prenons l’exemple de via encore. Si cette via est à moi, on pourrait dire en français que c’est « la via de moi » ou d’une manière plus courante : ma via (ma rue) ». En latin la possession se montre à travers la terminaison génitif. Remarquez que dans nos exemples le mot via n’a point changé de forme. C’est le cas aussi en latin, c’est celui qui possède la via qui change. Il nous faudra donc quelques mots de plus, dont deux suffira — ego (je) et servus (esclave).

On poursuit maintenant sans trop se soucier des autres cases, mais jetez quand même un coup d’œil au cas génitif des trois mots :

Table 3: Le génitif de « via », « numerus », et « ego »

Sg. Pl. Sg. Pl. Sg. Pl.
Gen. viae viārum numerī numerōrum meī nostrum

Maintenant on a tout ce qu’il faut pour exprimer l’idée de notre exemple. Pour traduire la phrase « ma rue » en latin, on veut le génitif de ego qui est meī et le nominatif de via ce qui donne : meī via ou via meī. L’ordre des mots vous remarquerez ne change pas le sens.

Exercises pour le lecteur :

Utilisez la table 4 pour traduire les expressions suivantes :

  • via nostrum

  • mon esclave

  • numerī viārum

  • notre chiffre

  • le nombre de la rue

Table 4: Il existe un cas de plus — le vocatif — utilisé pour s’addresser à quelqu’un (ou à quelque chose selon le cas). Pour tout substantif de la première déclinaison le vocatif a la même forme que le nominatif. Donc, le vocatif singulier de « via » est « via »; le pluriel nominatif et vocatif est « viae ». Les substantifs reguliers de la seconde déclinaison se termine en « -e » au vocatif.

Sg. Pl. Sg. Pl. Sg. Pl.
Nom. via viae numerus numerī ego nōs
Gen. viae viārum numerī numerōrum meī nostrum
Dat. viae viīs numerō numerīs mihi nōbis
Acc. viam viās numerum numerōs nos
Abl. viā viīs numerō numerīs nōbis

  1. Verbix gives the following provenance :
    1. From Proto-Italic *deikō, from Proto-Indo-European *déyḱti (“to show, point out”). The perfect forms are derivated from Proto-Indo-European *dḗyḱst. Cognates include Oscan 𐌃𐌄𐌝𐌊𐌖𐌌 (“to show, point out”), Sanskrit दिशति (diśáti), Ancient Greek δείκνυμι and Old English tǣċan (English Old English teach).
    2. Possibly from a lost Latin *dex (seen in Latin index > Latin indicō, Latin iūdex > Latin iūdicō, Latin vindex > Latin vindicō), from Proto-Indo-European *deyḱ-s, root nomen agentis from Proto-Indo-European *deyḱ- (“to show”), whence Latin dīcō. [^ back]